A propos des « Mousquetaires »

Elus par leurs Pairs, représentant « une catégorie » et quasiment « mandatés » par le Directeur de la Gendarmerie Nationale, nos « quatre Mousquetaires » s’adressent donc aujourd’hui au Chef de l’Etat en lui faisant (respectueusement…) remarquer que cette question aurait pu lui être posée en pleine campagne présidentielle et qu’en quelques sortes … il l’a échappé belle !

Ces quatre bretteurs permettent effectivement d’occulter le violent (et parfois ordurier) débat qui tient lieu de forum chez les « Gendarmes en colère ». Ils expriment la pensée de ceux qui constituent la partie essentielle de l’Arme et la cheville ouvrière de son action : les Gendarmes et les Gradés. Ils sont donc représentatif d’une catégorie, ce qui explique que leurs revendications soient … « catégorielles ».

Bien entendu, les précautions verbales sont prises et « la fierté de servir la France au sein d’un si bel outil » est largement exprimée. Mais une fois franchi le décor des usages et des politesses, on aborde le chapitre plus étoffé qui exprime de façon condensée et précise l’essentiel des revendications. De quoi s’agit-il ?

D’abord et avant tout, d’accéder à l’ensemble des avantages concédés à la Police Nationale depuis cette loi de 1995 qui fit des inspecteurs des Officiers de Police : conditions de travail, avantages matériels bien sur, mais aussi la grille indiciaire et la faculté de s’exprimer et d’être représentés au plan syndical (mais ne vous inquiétez pas,… on trouvera un autre vocabulaire !) En fait et par conséquent : définir, préciser et faire passer dans la Loi un véritable « statut du Gendarme ». … Mais simultanément , conserver le « statut Militaire » qui inclut d’autres spécificités qu’il serait fastidieux de passer en revue ici et confère une considération particulière .

En résumé : le beurre, l’argent du beurre, la Crémière et quelques « gâteries » annexes glanées au fil des ans, qu’il serait dommage d’abandonner.

Il ne manque rien à ce papier dense et complet … pas même une « pensée furtive » pour les camarades qui appartiennent au Corps de soutien technique et administratif et constituent, on le sait bien, les « supplétifs » da la profession. On réclame pour eux les mêmes règles de gestion pour éviter les « rupture de cohésion » … c’est généreux !

On chercherait vainement par contre un développement concernant les « camarades d’infortune » … les militaires des trois autres Armées qui vont comme de coutume continuer à vivre leur célibat géographique, leur mutations à répétition, leurs recherches immobilières et « se taire » en se gardant disponibles pour la Défense « des intérêts vitaux du Pays » et si besoin est par les armes, en projection comme aux frontières (si elles existaient encore …). Car le « métier militaire » (le vrai…) est, aujourd’hui comme hier, fait de ces petites contingences. Si on avait la curiosité d’interroger nos deux derniers survivants des Poilus de 14-18, ils nous diraient qu’ils n’ont pas rencontré beaucoup de Gendarmes dans les tranchées…

Les Mousquetaires viennent donc de s’adresser au Chef des armées avec un langage très clair. Leur initiative est heureuse car elle présente l’intérêt de « crever l’abcès » et d’aborder un problème qui était devenu incontournable depuis la crise de 1989, la mutinerie de 2001 et plus récemment, la grogne de ces derniers mois.

Mais attention ! … ce qui s’est passé n’a pas échappé à l’observation de ceux qui pendant ce temps ont dû « essuyer les plâtres » de la montée en puissance d’une Armée Professionnelles et, le Premier Ministre le disait l’autre jour, dans des conditions plutôt satisfaisantes. Car eux aussi ont évolué, le temps est venu de s’en rendre compte ! Aménager le « droit d’expression » pour l’amener à un niveau qui correspond à la génération et à l’époque est sans doute devenu un besoin urgent … chacun en conviendra. Laisser la discipline « aller à vau l’eau » et surtout accentuer le déséquilibre de traitement déjà considérable qui existe entre la Gendarmerie et les autres Armées est un danger qu’il lui faut prendre en compte.

Le temps est sans doute venu de décider de façon nette et sans équivoque : le statut Militaire pour tout le monde ou étendre aux « autres » Militaires celui des Gendarmes … après l’avoir amélioré éventuellement … pourquoi pas ?

Mustapha BIDOCHON

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