Recrutement…

Le jeudi 24 Mai à 23 heures, après « Envoyé spécial », France 2 nous proposait un reportage sur l’Armée. J’avais déjà suivi ces deux intéressantes émissions qui concernaient le 1er RCP à Pamiers, j’ai donc regardé « bon pour le service ». C’est comme « les feux de l’amour », lorsqu’on a vu un épisode …

On suit étroitement le parcours d’une petite dizaine de jeunes gens entre le Bureau de recrutement de Saint Denis et le Centre de sélection de Vincennes. Pour la plupart, les candidats issus de l’immigration manifestent une volonté de rupture avec leur environnement, sont à la recherche un peu naïve d’un idéal ou d’une aventure et d’une manière générale sont prêts à concéder beaucoup d’efforts et de bonne volonté pour « s’adapter ».

Un Comorien dont le niveau est manifestement insuffisant est « éjecté » sans qu’on y mette les formes … Une fleuriste un peu « paumée » attend beaucoup de cette nouvelle chance, Une jeune bachelière issue d’un bon milieu est à la recherche d’un « idéal de vie », Un jeune homme d’origine ivoirienne très sportif veut aller « au bout de ses possibilités » Un jeune coiffeur « pêchu » veut devenir un « homme d’action », Une jeune fille d’origine laotienne également.

Trois des candidats repartent presque immédiatement après la visite médicale, sont priés d’aller faire soigner leurs caries et d’aller passer des visites complémentaires … ici on est pointilleux sur la qualité !!

Les membres du jury appartiennent à cette spécialité nouvelle : le Recrutement. Ils arborent fièrement leur spécificité sur la manche gauche : comme les Commandos ! :

Un sous-officier d’expérience, 17 ans de service, qui s’exprime avec réserve et circonspection. Il a visiblement vécu autre chose …,

Un capitaine de l’ABC (sans doute « OSC »), qui « se la joue », se déplace en blouson de cuir mais sans coiffure … et ne répond pas au salut (personnellement, il y a quelques années je l’aurais vigoureusement « remis à sa place » …)

C’est un journaliste d’investigation qui commente, pose des questions sur les origines, les motivations, les projets d’avenir. On s’aperçoit que tous attendent beaucoup de ce milieu inconnu, de ces perspectives nouvelles, manifestent une grande générosité dans leur engagement … mais n’ont pas tout à fait compris ce qu’on attendait d’eux !

Le décor est soigné, l’accueil est très ouvert, l’hôtellerie confortable, beaucoup de rigueur et de correction dans les échanges. C’est que le « Recrutement » est pétri de relations publiques : C’est un métier. La psychologie est d’avant-garde … ici « on fouille les âmes et on sonde les coeurs » !!

Le verdict et par conséquent … « les contrats », portent la marque d’une grande prudence. « Quand vous vous engagez, nous nous engageons » … mais avec précautions !!

5 ans pour la jeune fille d’origine laotienne … au 7e BCA, 1 an au 44e RT pour la jeune fleuriste qui rêvait du GIGN, 3 ans pour chacun de nos candidats commandos : un au 1er RCP, l’autre au RHP, la « petite bachelière » a finalement réfléchi et a renoncé (pour raison familiale …)

… le Capitaine, quant à lui, ira recruter à Marseille

Je ne suis pas « convaincu » et je persiste à croire que le recrutement n’a jamais été aussi bon qu’à l’époque du Service national qui en testant les vocations, jouait le rôle du CDD vis-à-vis du CDI. J’ai connu l’Armée « à deux vitesses », j’ai le sentiment qu’il existe de nos jours … une « marche arrière ». Entre un recrutement énarchique « par le haut » et celui-ci qui s’opère « par le bas » … comment deux milieux pourraient-ils se rencontrer et se rejoindre … sur le terrain ? (car c’est toujours la finalité j’imagine ?)

Mustapha BIDOCHON

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