Bataille pour la garde de Sarko

(Extrait Le Canard enchaîné n°4517 du 23 mai 2007)

C’est le zèle d’un commissaire de police qui a mis le feu aux poudres, dans la guerre qui oppose flics et pandores pour le contrôle de la protection du Château et de son locataire. Dès le 4 mai, soit deux jours avant la victoire de Sarko, ce zélé fonctionnaire, numéro deux du Groupement de sécurité de la présidence de la République (GSPR), dirigé par un colonel de gendarmerie, avait mis en place sans en parler à personne, une équipe de renfort uniquement composée de poulets. « Il pensait que cela ferait plaisir au Président », décrypte un grand flic.

Ce coup d’éclat a provoqué la montée au front de toute la hiérarchie gendarmesque. Sitôt annoncé ce passage en force, le général Parayre, le grand patron des pandores, filait chez Guéant lui dire tout le bien qu’il pensait de ces façons de faire. Las, les chefs gendarmes n’étaient pas au bout de leurs surprises. Non seulement Sarko, poussé par Guéant, se verrait bien remercier les 30 gendarmes au profit de sa garde prétorienne, composée uniquement de policiers, mais, ont-ils appris, d’autres offensives seraient en cours, visant à éliminer les pandores du premier cercle présidentiel. Notamment le remplacement de l’escadron motocycliste de la Garde républicaine par les motards de la CRS n°1, installée à Vélizy. Une vraie déclaration de guerre ! « ça fait trois fois qu’ils essaient. A chaque élection, ils tentent le coup. Il y a vingt ans, se souvient un ancien de la Garde, ils nous emmerdaient tellement qu’on avait jeté des clous sous leurs pneus pendant un défilé officiel pour les semer. »

Nouveau soupçon des gendarmes : il est question d’une fusion de leur Institut de recherche criminelle avec la police scientifique. Sans parler de casus belli : le projet de confiscation du budget de ces militaires par l’Intérieur. Ou encore, histoire de les achever, la nomination de leurs généraux par la Place Beauvau.

Par-dessus tout, la Direction de la gendarmerie redoute que ce raid tous azimuts ne réveille la grogne des troupes, qu’elle avait réussi à calmer, de justesse, avant la présidentielle pour ne pas gêner le candidat UMP. Ah, l’ingrat !

B.R.

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