MAM : In memoriam

Un Général de Corps d’Armée, la 2ème Section venue, prit un jour son ciseau et tailla joyeusement quelques-uns de nos ex de la Défense.

Portraits :

André Giraud : « Paix à son âme, il était totalement nul« .

Léotard ? Sourire gourmand. « Gentil, mais si inconsistant« .

Richard : « Intelligent, mais n’a jamais compris ce qu’était l’armée« .

Chevènement, enfin ! : « Quelqu’un de responsable« . Il est vrai qu’il avait démissionné.

Et MAM qui s’en va ?

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Pour la revue des troupes, veste-pantalon ou panoplie « Indiana Jones » selon les chaleurs, sont de rigueur. Torse bombé, raideur de cheftaine et masque d’acier terrorisent davantage nos chefs militaires que les hordes ennemies massées à nos frontières. La marche heurtée a quelque chose de l’amble enseigné dans les manèges du Cadre Noir. Voilà pour le côté martial de la chose.

A la ville la féminité, tout aussi naturelle, n’obligera que sur le tard les ex « plus jolis mollets du RPR », selon Chirac, à se masquer derrière le costume-pantalon-foulard ou la robe longue de gala.

Le sourire de commande est cyclique. Il ponctue automatiquement chaque infime changement d’une posture se voulant amène. Quelquefois la machine s’enraye. Le sourire se déclenche alors sur du vide, voire devient grimace. Sous le charme, personne n’y prêtera attention.

Du treillis Rambo à la soyeuse écharpe Inès de la Fressange, le changement de costume en un temps record aurait sa place dans le spectacle des meilleurs transformistes. Toutefois la magie se révèlera impuissante à rectifier la voix, synthétique et saccadée. Qu’importe. Le propos, ciselé, précis, policé, à l’humour subtil (1) ne nécessite, lui, aucune retouche. Il fait honneur au docteur en Droit et à la diplômée en ethnologie. De cet assemblage des plus réussis émane un charisme indiscutable : celui de l’ordinateur.

A l’inverse de Richard qui n’avait rien compris (encore qu’il restera dans la mémoire de tous, le ministre ayant su très opportunément sabrer le champagne avec les Gendarmes rebelles), cette belle mécanique savait tout de l’armée. Ce qui fut résumé, toujours avec le sourire, par :  » Un Général ça grogne, mais ça finit toujours par obéir « . Un bon toutou à son maîmaître en quelque sorte. Ce constat ministériel sur le cursus du généralat n’est pas un scoop, tant il s’exprime régulièrement dans nos colonnes.

Aucun stress lié à l’agitation sociale ou à la guerre ne figurant au menu de l’Hôtel de Brienne, le maroquin de la Défense permet de dégager du temps pour les loisirs. Et de commettre son roman.

N’est pas Malraux qui veut. « Les chênes qu’on abat » sont ainsi (im)modestement devenus sous la plume de MAM « Le chêne qu’on relève ». Cette nouvelle histoire de glands (2) étant très éloignée des « Chaînes qu’on soulève », qui reste à écrire en hommage aux assujettis de l’institution militaire.

Travailleur infatigable, l’oeuvre au profit de la Grande Muette ne se limite pas à cet ouvrage. Ni aux passages dominicaux chez Drucker et Fogiel. Ni dans la production des « Chevaliers du Ciel ». Ni dans cette autre pub de la mise au placard du Général Poncet. Ni dans les méandres du Clémenceau ou les eaux peu claires de Clear Stream. Ni dans son rôle de tata flingueuse à la Présidentielle où, de palinodies en caprices de diva elle devait, dans sa prétendue inépuisable bonne volonté à défendre l’union, tirer contre son camp des bordées du nouveau missile terre-à-terre Antisarko.

Dans son nouveau ministère à l’Intérieur ainsi négocié manu militari, la gestion du social descendant dans la rue lui révèlera enfin combien le mode de défense du social des militaires est suranné. Puisse-t-elle en convaincre au plus tôt Monsieur Hervé Morin, son successeur à la Défense, avant qu’il ne quitte à son tour ses fonctions.

Pour l’Histoire, l’OEuvre, avec un O pointé rouge, sera incontestablement l’avancée du Statut 2005 sur le mariage des militaires. A une époque où la Société se soucie du mariage comme de colin-tampon, il était indispensable que nos Armées rejoignissent les homosexuels et les prêtres pour le défendre. Autre défi – la Dame se félicitait d’aimer les relever – le droit d’association, ouvert sans limite aux militaires. En 2005 ! Avec, en vertu du double langage, une fatwa contre la seule d’entre elles qui leur fût utile, l’Adefdromil. Ce qui offrit l’avantage d’accélérer le flux des adhésions. Plaisir à ne pas bouder.

En revanche, rien n’aura été autorisé pour la défense des intérêts socioprofessionnels d’une armée de métier. C’est pourtant le seul défi qui vaille. Il fut soigneusement éludé par un Madame le ministre dont la préférence pour les Conseils de la Fonction Militaire et leur complice le Haut Comité d’Evaluation de la Condition Militaire – écueils à l’inefficacité rare et tricotés à sa botte – montre la réelle ambition sur le sujet.

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Alors, la trace de MAM dans la galerie des ex ?

« Une belle affiche ».

(1) Tel le gag du lundi de Pentecôte chômé ou ouvré ?

Selon l’ex, nos Armées «toujours aux côtés du faible, de l’opprimé et de la solidarité» se devaient de l’honorer par l’exemplarité de leur travail ce jour-là. Quel humour !

La Défense étant un ministère dépensier, ce n’est pas un jour férié qu’il fallait retirer aux militaires pour faire des économies, mais au contraire leur offrir un jour chômé de plus pour en donner l’équivalent-argent à nos seniors. Les abonnés aux heures supplémentaires non rémunérées auraient par ailleurs apprécié.

La date retenue pour ce jour férié militaire pouvant être celle de la Fête de l’abolition de l’esclavage.

(2) Ah ! le silence glacial, l’oeil noir, le teint blême, la narine frémissante et les lèvres pincées qui accueillirent ce mot de Guy Carlier à la télé ! Un autre grand moment d’humour.

L’humoriste pour s’excuser avait même dû plaider qu’il fallait bien qu’il gagne sa vie.

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