Au fond du couloir …

Une fois encore, la mort accidentelle d’un militaire en service, au delà de l’émotion naturelle que suscite ce douloureux évènement, nous plonge dans le cas de figure de l’attribution d’une décoration « à titre posthume ». En l’occurrence, il ne s’agit même pas de la Médaille militaire, mais comme le dit Jean VALJEAN … de « la cochonoue », pour un Officier décédé en service !

On peut voir là effectivement, dans le cadre d’un débat de fond, l’occasion renouvelée de critiquer une situation injuste qui fait relever depuis trop longtemps l’attribution des décorations à des réglementations surannées, ou pire encore à des décisions arbitraires prises au fin fond « des cabinets » … celui du Ministre des Armées dans le cas présent.

J’ai eu l’occasion de connaître un ancien combattant de la Grande Guerre, agent de transmission, gazé et rescapé de Vauquois, Médaillé militaire « au feu », à qui on refusait la Légion d’Honneur à la veille de ses 85 ans ! Plus récemment , je me suis penché sur le cas d’un « ancien d’Indochine », chevalier de la Légion d’Honneur « à titre exceptionnel » à 32 ans … qui a été fait Officier 40 années plus tard , 10 ans après son départ en retraite . Il avait pourtant eu en Algérie trois citations dont une palme !

Aussi je veux répondre à Jean VALJEAN, qui m’apprend que c’est un couple de Thénardiers qui tire les ficelles dans l’entourage d’un Ministre … les Misérables !

Il décrit très bien la situation de « ces officiers » qui ont pris leur service après la Guerre d’Algérie et n’ayant pas « connu le feu » sont titulaires de « eau chaude, eau froide ». Il se trouve précisément que j’en fais partie ! … trop jeune pour les citations, mais trop âgé pour « la cochonoue » … vous imaginez mon état !! Mais qu’il n’oublie pas pour autant ceux qui appartenant à la même génération, mais ayant « beaucoup voyagé », arborent des barrettes de décorations qui feraient pâlir de jalousie BIGEARD lui-même.

… Car soyons sérieux ! : Depuis 1962, mis à part quelques Coups d’état ou « coups fourrés » dans des lieux exotiques, l’Armée française n’est montée à l’assaut que deux fois, l’une à Kolwezi et l’autre en ex Yougoslavie. Cessons donc « d’amuser » nos anciens de Bir Hakeim ou de la RC4 … et je ne parle même pas de ceux de Verdun : il nous en reste deux !

Tout récemment, n’a-t-on pas vu deux Généraux éminents se succéder dans un Poste prestigieux. A deux promotions d’intervalle, ils ont pourtant fréquenté les mêmes « clubs de pensée parisiens » proches de l’Elysée, et à peu de chose prés … ont à se reprocher les mêmes « campagnes ». Le premier a six rangées de décorations et le second : « eau chaude, eau froide » ! Je vous laisse deviner leur arme d’origine …

Oui, il nous reste beaucoup de choses à exprimer concernant ce phénomène (et je pense sincèrement qu’on finira par le faire, sous peine de sombrer dans le ridicule qui aura sans doute fait plus de victimes que les Guerres ces quarante dernières années)

Pardonnez-moi Monsieur VALJEAN, mais un drame aussi triste ne devrait pas servir de prétexte à prolonger une polémique aussi futile que ridicule, même et surtout s’il ne s’agit que … d’une « histoire d’eau » !!

Que peut-on donc conseiller à cet Officier d’Etat Major à qui, comme vous le suggérez, on viendra demander « avec ironie » la direction des toilettes ?

Qu’il réponde par exemple : « Au fond du couloir, mais tirez s’il vous plait la chasse d’eau car c’est comme en Afrique : le lieu est confortable, accueillant, on s’y attarde … mais on les laisse trop souvent dans un état lamentable !! »

Jacob DELAFON

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