La grande muette serait-elle vraiment en train de s’asphyxier ?

Au service de mon pays depuis bientôt 11 ans j’avais prévu, avant de rentrer dans cette Institution, d’être objecteur de conscience ! Ce qui m’a fait changer d’avis ? Les notions de fraternité, de discipline, d’abnégation et autres valeurs que mes premiers chefs m’ont inculquées.

Drôle de carrière donc que celle qui a été la mienne depuis cette époque : moniteur auto-école, chef de groupe de combat puis désormais chef de secrétariat BOI, je pense avoir vu le métier sous différents angles qui ont forgé mon expérience. Certes l’époque du Service National est révolue et les aspects disciplinaires comme financiers ou doctrinaux ne peuvent être semblables, mais il me semble que si la lutte interne et la délation (promotionnelle ?!) vérolent à ce point notre famille (aussi effritée soit-elle) le summum est presque atteint !

Je sais que nos chefs ne nous couvrent plus comme avant. Je sais que tout ce qu’ils (ou elles) font ne sert que leur propre intérêt. Je sais que risquer ma carrière pour essayer de faire avancer le système plutôt que de le faire reculer est utopique.

Et, j’ai de plus en plus de honte et de regrets de voir certains de mes collègues tenter de se suicider parce que ce en quoi ils croyaient s’effondre, parce que le Pouvoir, plutôt que de calmer l’ardeur journalistique, préfère oublier ceux qui partent risquer leur vie pour leur pays, parce que nos chefs nous commandent de moins en moins, ou parce que les frères d’arme que nous sommes censés être se soutiennent de moins en moins.

Ce courrier n’est donc pas un article ou un quelconque coup de gueule, c’est tout simplement une goutte d’eau dans la mer et une larme en moins à verser sur le départ de ces hommes dont la race est en voie d’extinction, cette race d’hommes qui nous poussaient jusqu’à nos extrêmes limites, qui nous traitaient comme des bêtes, mais qui nous soutenaient dans nos problèmes, nous aidaient dans les épreuves et nous défendaient quand cela était mérité.

Ceux-là étaient « muets » mais savaient contre qui se battre …

Nonoreve

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