Le Parisien : La tension monte chez les militaires

Le Parisien du 10 décembre 2001 :

Des la semaine dernière, certains regrettaient de ne pas s’être associés au coup de force de leurs collègues gendarmes. Au lendemain de l’accord signé entre le ministre de la Défense et les gendarmes en colère, les militaires des autres corps d’armée risquent réellement d’avoir le sentiment d’ « avoir raté le coche », comme le résume l’un d’eux. « Nous, les gens de l’armée régulière , allons encore une fois rester sur place, regrette un adjudant-chef. Les mesures décidées, qui ne seront évidemment appliquées qu’aux seuls gendarmes, vont encore accentuer le fossé qui existe déjà au sein des différentes composantes de l’armée. »

Il faut un détonateur

Sous couvert d’anonymat, les militaires des armées témoignent de leur ras-le-bol : manque de considération de leur hiérarchie, semaines à rallonge, soldes trop faibles, moyens insuffisants-Des revendications proches de celles des gendarmes. Les militaires sont-ils pour autant prêts à suivre la voie tracée par leurs collègues ? Ce sous-officier de la région Aquitaine n’y croit guère. « Ce n’est pas l’envie qui nous manque, estime-t-il . Mais je ne pense pas que nous arriverons à nous unir pour mener une action commune.

Contrairement aux gendarmes, nous ne sommes pas suffisamment soudés- »
Capitaine à la retraite et fondateur de l’Association de défense des droits des militaires, Michel Bavoil est inondé de messages après l’accord de samedi. « Les militaires des armées sont désormais convaincus qu’il n’y a que le rapport de force qui marche, explique-t-il . Certains s’interrogent effectivement sur l’opportunité de descendre à leur tour dans la rue. Le risque de contagion existe bel et bien. Mais il faut un détonateur. Les avantages obtenus par les gendarmes pourraient jouer ce rôle de déclencheur, tout comme la prochaine publication des tableaux d’avancement, qui risquent encore de faire de nombreux déçus, ou le fait que les militaires soient contraints de remplacer les convoyeurs de fonds s’ils se mettent en grève. »

Ce sous-officier supérieur basé en Alsace peine pourtant à imaginer un mouvement d’ampleur dans les rues. En revanche, il sent ses collègues prêts à la résistance passive, comme la maladie par exemple.

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