Innovation de défense : dépasser l’effet de mode

Rapport d’information de MM. Cédric PERRIN et Jean-Noël GUÉRINI, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces arméesn° 655 (2018-2019) – 10 juillet 2019.

Le besoin d’innovation est essentiel dans un monde où les armées des pays les plus puissants économiquement sont parfois challengées par un usage efficace de technologies civiles. La supériorité technologique militaire est ainsi concurrencée par l’innovation civile ce qui rend nécessaire une captation plus rapide des innovations. La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit donc d’« innover pour faire face aux défis futurs ». Est-ce possible quand :

– l’essentiel de l’augmentation des crédits n’interviendra qu’à mi programmation, pour atteindre 1 milliard d’euros en 2022,

– les efforts déployés par le Sénat pour rendre l’achat plus agile dans le cadre de la LPM ont purement et simplement été balayés lors de la codification de la commande publique,

– le plan de transformation du ministère s’organise autour de la nouvelle Agence de l’innovation de défense (AID) qui est placée sous l’autorité hiérarchique de la direction générale de l’armement (DGA) et dépendante d’elle financièrement.

La condition la plus importante à la réussite de la « greffe » de l’innovation dans la défense est une profonde acculturation des acteurs du monde de la défense, ce que l’agence, menée par un Directeur compétent et dynamique doit pouvoir réaliser, si son rôle et sa place au sein de l’écosystème de défense de l’innovation sont confortés. L’articulation de l’AID avec la DGA doit permettre à l’agence, en pleine autonomie de mettre en oeuvre l’acculturation à l’innovation du ministère, l’agilité des achats, et la réforme de gestion des crédits des PEA qui doivent être de sa responsabilité. Dans le cas contraire, l’AID gérant uniquement le dispositif Rapid ne serait qu’un miroir aux alouettes de l’innovation.

Il faut enfin organiser la captation de l’innovation dans les territoires. L’agence pour organiser la remontée des innovations doit disposer d’un réel maillage territorial. Un réseau de réservistes-innovation chargés de capter l’innovation dans tous les secteurs économiques, auprès des pôles de compétitivité, des clubs et des agences de développement local doit être mis en place. Ces réservistes devraient également être un lien entre l’AID et la direction générale des entreprises, en s’adossant sur les agences décentralisées de la BPI. L’innovation dans la défense doit être au service de la réindustrialisation durable de nos territoires.

Source: Sénat

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